Voici un article publié dans le Guide Repsol concernant les choses à faire dans la région d’Urola  Kosta, car il y a un nombre croissant de personnes qui souhaitent quitter la ville de Saint-Sébastien et aller visiter les charmes de la côte basque.

 

 

La pluie, grande alliée du divertissement

 

Zumaia, 65 millions d’années à la vue de tous

Il est difficile de se faire une idée de l’ampleur des paysages karstiques et du flysch de l’Urola Kosta, qui s’étendent sur 14 kilomètres de côte. Même du mirador de la plage d’Itzurun, où la promenade du même nom se termine à Zumaia, l’expérience est incomplète. « Attendez que nous descendions sur la plage… », prévient Violeta Bandrés, guide locale de Begi-Bistan. Et elle a raison. La marée basse a en effet mis à nu la plaine intertidale où parvient encore l’écume des vagues qui se brisent fortement à quelques mètres de distance. Et en élevant le regard, on peut apercevoir un ensemble de falaises rocheuses qui tombent à pic dans la mer.

La visite du « flysch » dure entre 45 minutes et 3 heures et peut être faite par terre ou par bateau, si les conditions en mer le permettent.

« Nous sommes au Urola Kosta, le géoparc de la côte basque, qui comprend les municipalités de Zumaia, Deba et Mutriku. Il s’agit d’un territoire à forte concentration de phénomènes géologiques, qui a été déclaré Patrimoine de l’UNESCO », nous explique Bandrés, qui tient un dossier rempli de photos et de dessins qui nous aident à mieux comprendre le lieu où nous nous trouvons. « Ce qui rend ce site unique, c’est que nous pouvons voir et analyser en permanence comment la composition géologique et fossile de la Terre a évolué sur une période de 60 millions d’années : des plus anciennes, il y a 110 millions d’années à Mutriku, aux plus jeunes –c’est une façon de parler- il y a 50 millions d’années à Zumaia ».

La chapelle de San Telmo date du XVIe siècle et est dédiée au saint patron des marins.

Il faut noter que cette région se trouvait immérgée sous une mer tropicale, à une profondeur d’environ 1 000 mètres, et que toute la matière sédimentée au fil des millénaires a émergé à la surface après le plissement alpin, d’où ces formations verticales si photogéniques. « La mer a fait le reste, en érodant et sculptant le flysch, en créant des grottes dans les parois ou les faisant s’effondrer, donnant naissance aux plaines intertidales ou aux plates-formes d’abrasion », comme celle d’Itzurun ou celles, proches, de Sa Coneta et d’Algorri. Dans cette dernière, on a trouvé il y a quelque temps une minuscule ligne d’iridium, un matériau rare dans la croûte terrestre mais abondant dans l’espace. « Avec ses 66 millions d’années, on pense qu’il s’agit d’éclats de la météorite qui est tombée sur la péninsule du Yucatan et qui a provoqué la cinquième -et pour l’instant la dernière- grande extinction qui a anéanti 80 % des espèces qui existaient sur Terre, y compris les dinosaures », explique la guide qui assure que la couche trouvée a une épaisseur inférieure à celle d’une pièce d’un euro.

À Zumaia, il y a deux strates intermondiales qui indiquent une descente soudaine du niveau de la mer et un changement de polarité magnétique.

En revanche, ce que vous pouvez voir sans aucun problème depuis Punta Algorri, ce sont des couchers de soleil dignes de scènes de cinéma. Et en parlant de celluloïd, la chapelle de San Telmo qui donne sur le gouffre là-haut n’a pas cessé de voir les touristes affluer ces dernières années grâce au film Huit noms de famille basques, car c’est là que les personnages principaux tentent de se marier. Ces derniers temps, de nombreux visiteurs ont été attirés par le tournage d’une des saisons de Game of Thrones, car c’est sur cette plage que le nain Tyrion Lannister reçoit Jon Nieve lorsqu’il arrive à Rocadragón.

Aviron dans les lauréates « Kanpa » et « Txiki »

Deux choses attirent l’attention du visiteur dès son arrivée à Orio : ses rues escarpées qui lui font travailler les mollets et les fesses, et la proéminence de la couleur jaune : sur les panneaux de signalisation municipaux, sur les drapeaux accrochés aux balcons, sur les uniformes sportifs… « C’est la couleur de l’équipe locale d’aviron. Partout sur la côte cantabrique il y a une passion pour les compétitions d’aviron, mais ici, c’est carrément de la devotion. Même les enfants apprennent à l’école que la couleur jaune se prononce ‘Aúpa Orio’ ! », dit en souriant Oihane Ucin, la collègue de Bandrés.

La première chose à faire lorsqu’on veut pratiquer l’aviron, c’est de sortir le bateau à rames qui pèse environ 200 kg.

Dans le majestueux Arraunetxe – un centre technologique de 6000 mètres carrés dédié à l’aviron et le canoë sur les rives de l’Oria – quatre jeunes rameurs s’entraînent ce matin sur des ergomètres. Ils sont accompagnés par le sportif olympique Ibon Urbieta, qui à 52 ans détenait jusqu’à récemment le record du monde sur cette machine. Dans les installations, l’équipe de « Begi-Bistan » dispose de cuirassés (pour 4 personnes), de petites traînières (6) et de traînières (13) ; parmi ces dernières, les plus appréciées de par leur histoire sont la Kanpa et la Txiki. « La première est celle qui a remporté le plus grand nombre de tournois dans la célèbre Bandera de La Concha qui se dispute les deux premiers dimanches de septembre », explique Ucin.

De nombreux oriotarras pratiquent l’aviron, même à l’école, les enfants le pratiquent comme activité extrascolaire.

De nombreux groupes d’amis et de collègues d’entreprises pratiquent ce sport qui, outre la force physique, requière une bonne coordination. Pour ceux qui ne disposent pas d’équipage pour remplir une traînière, vous pouvez toujours effectuer une descente de l’Oria en kayak, un trajet de 8 km à travers un paysage naturel de grande beauté à partir d’Aguinaga, dans la municipalité voisine d’Usúrbil. « C’est un miracle que cette activité puisse maintenant avoir lieu, et cela grâce au projet de réhabilitation du fleuve lancé il y a des années, un fleuve qui était l’un des pollués d’Europe dans les années 60 », se souvient Violeta.

Avec ses 32 Banderas de La Concha (le premier tournoi a été remporté en 1901), la traînière masculine d’Orio est la plus grande lauréate de toute la côte cantabrique.

La Dorade façon Orio

Après une matinée de sport, il est temps de reprendre des forces à Urola Kosta. Dans cette région, comme dans presque toute la province de Gipuzkoa, les grillades sont reines. Le « Katxiña » d’Iñaki Zendoia en propose à ses clients dès le matin. Ce restaurant-vinicole est entouré de 8 hectares de vignes de txacoli et offre une vue spectaculaire sur le fleuve et la ville d’Orio. Aujourd’hui, nous sommes accueillis par une bonne averse, il nous sera donc difficile de prendre l’apéritif devant ce panorama, bien que la chaleur du feu dans le patio – alimenté par des troncs de chêne coupés par le beau-frère aizkoli – encourage certains convives à savourer leur premier verre de vin sous la protection du parapluie.

Orio est considérée comme la « cathédrale » de la dorade. En juillet, la fête de la dorade grillée a lieu sur sa Plaza Mayor.

« Nous sommes nés dans une rôtisserie, comme on dit », nous confesse Izaskun, la sœur. Ses parents, José Miguel et Pilar, ont dirigé une rôtisserie dans la partie supérieure d’Orio pendant 40 ans. En 2014, les enfants ont décidé de professionnaliser la bodega familiale « et d’élaborer le txakoli de l’aita » à partir du cépage local Hondarrabi Zuri. Les fûts en acier où le vin vieillit et obtient sa txinparta (bulle) particulière sont visibles depuis la salle à manger du restaurant, pleine en ce mercredi de début décembre.

Ici, la spécialité est toujours la dorade façon Orio, avec sa sauce à l’huile, vinaigre, ail et piments – « bien que la touche personnelle de chaque maison soit gardée secrète », confie le propriétaire du restaurant. Outre la dorade, des soles, des lottes, des turbots, des maquereaux-roi (avec leur crête rouge) des confréries des Pasajes de San Juan et de Getaria défilent autour des tables, ainsi que des chipirons grillés avec leurs tentacules et leurs têtes à la Pelaio (oignons pochés), le begi haundi (un calmar de Donosti) et, en saison, des artichauts, des champignons ou des fèves.

Iñaki Zendoia a pris la relève de son père, José Miguel, aux commandes du restaurant.

Balenciaga et Elcano rivalisent en matière de tourisme

À Getaria aussi, on s’y connaît en matière de grillades. Au cours des dernières décennies, ce village de pêcheurs traditionnel a réussi à combiner avec succès gastronomie et tourisme et à faire de son port et de ses grillades un lieu de pèlerinage. Si l’on ajoute à cela la présence de deux illustres fils prodigues, la recette du succès est assurée. Cristóbal Balenciaga Eizaguirre est né ici en 1985, « et dès son enfance, il a gagné les faveurs et le mécénat des Marquis de Casa Torre après avoir conçu un costume pour permettre à la Marquise d’aller à la messe », explique Xabier Fernández, coordinateur du Musée du créateur. Ouvert en 2011, il contient actuellement plus de 1 200 vêtements offerts par des clientes et des héritiers, comme ceux de la Reine inconditionnelle Fabiola de Belgique, « qui sont exposés en alternance avec d’autres expositions liées au monde de la mode ».

L’ « escape room d’Elkano » à Getaria a reçu un accueil très favorable de la part des professionnels du secteur.

L’autre fils prodigue de Guetaria est Juan Sebastián Elcano, le marin qui a réussi à faire le premier tour du monde, lors d’une expédition de cinq navires qui a quitté Séville en août 1519. « Le quintuple centenaire de cet événement a attiré de nombreux visiteurs dans la région », reconnaît Fernández. « Les voix des vents marins apportent l’âme inconnue d’Elkano. Les voix trompeuses des vents marins… ». C’est le seul indice qu’a reçu sur son téléphone portable le groupe qui frappe à la porte de l’escape room qui organise « eXperientziak » dans le centre ville. « Vous n’aurez pas plus d’information », insiste Olaya Landa, copropriétaire de l’entreprise. L’aventure met l’accent sur le travail d’équipe, l’intuition, la tempérance… « elle fait même ressortir des tensions lorsque la confiance reigne entre les participants », reconnaît-elle.

Un hôtel avec son « txoko gourmet »

Parmi les nombreuses possibilités d’hébergement offertes par Getaria, l’une des plus demandées ces derniers temps est l‘Hôtel San Prudentzio. Les sœurs Nerea et Ainhoa Lazkano ont repris les rênes de cette entreprise familiale il y a six ans. « À l’époque de nos grands-parents et de nos aitas, c’était une maison de restauration très connue dans la banlieue de Getaria. Nous avons maintenant choisi d’en faire un hôtel offrant un service très familial », explique la plus jeune des deux.

Entouré de vignobles de txacoli, l’hôtel San Prudentzio propose à ses clients un « txoco gourmet ». Photo prêtée.

Les dix chambres offrent une vue sur les vignobles de txakoli et la mer cantabrique, avec la silhouette de la Souris (le mont San Antón) toute proche ou du Mont Igueldo à Donosti, plus éloigné. L’hiver venu, la terrasse passe le relais au grand salon avec cheminée. On y trouve le txoko gourmet, un self-service à la disposition des clients toute la journée avec des plats chauds et froids préparés avec des produits totalement locaux, tels que le thon, les anchois et les sardines de Getaria, le jambon de porc de Maskarada, les tomates de leur verger ou le txakoli de leurs vignes.